TCHAD

Réfugiées du Darfour

« Oui, je suis belle ; la beauté c’est quand on est en vie. Qu’est-ce qui me donne le courage de me lever ? Je me lève pour apporter l’eau du puits. Je vais au puits et je reviens. Le soir, je me couche. » Halimé

Extraits

« (…) En quelques mois au Tchad, le long de la frontière soudanaise, le Haut Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies (HCR) a dressé dans l’urgence onze camps pour accueillir l’exode de 300 000 personnes. Des femmes et des enfants, en majorité, ont traversé la frontière pour fuir les milices janjawid soutenues par les troupes de Khartoum. Le camp de Touloum, dans la région d’Iriba, est au nord, là où le Sahel devient désert.

(…) Halimé appartient à l’ethnie fur (Dar-fur, la maison des Fur). Un jour, ils ont surgi du ciel et par camions, les troupes gouvernementales ou les milices arabes janjawid ou peut-être les deux. Elle ne sait pas. Ils ont bombardé, pillé et incendié le village. Ils ont tué les hommes et volé le bétail. Halimé avait deux fils. Dans la panique, elle a vu son aîné s’enfuir avec sa grand-mère. Elle ne sait pas ce qu’ils sont devenus à ce jour ni s’ils ont survécu. Ils ont égorgé le petit dernier dans ses bras, avant de l’embarquer avec six autres filles du village. »

Extrait de Zoé Zoé, Femmes du mondes, 2007, Éditions Gallimard