PEN DUICK VI

« (...) Au début de mon service sous les ordres de Tabarly, j’ai appréhendé ma totale inexpérience en matière de course. Comme plus tard je serais considéré comme un marin dans le monde des artistes, j’étais alors perçu comme l’artiste du bord par mes coéquipiers. Mais il est apparu que le milieu des marins du large était paradoxalement bien plus ouvert aux parcours atypiques que celui des arts ! Du moment qu’on faisait bien son boulot… Et j’avais semble-t-il de bonnes dispositions dans ce domaine.

C’est à bord de Pen Duick VI que j’ai abordé une nouvelle forme d’expression artistique : j’ai enrichi ma palette de la pratique photographique, tout d’abord pour gagner ma vie. Nous étions nourris-logés à bord, mais pas rémunérés. Je vendais mes reportages graphiques à des magazines de voile principalement. Mes modèles étaient alors les gars du bord. Puis Éric a trouvé absolument positif d’avoir un artiste à son bord et m’a proposé d’illustrer son Guide de manœuvre. Ainsi nous sommes-nous mis à l’ouvrage, croisant entre les Marquises, les Tuamotu, les Gambiers et les îles Australes, jusqu’à Tahiti. »

Extrait de Œuvres vagabondes, 2016, Éditions Gallimard