SUD-SOUDAN

Guerrières et réfugiées

« Un accord de paix vient d’être signé avec le Nord. Plus de combats, plus de morts. Mais je ressens autour de moi une véritable inquiétude. Je veux m’impliquer dans cette période de transition. Je crois que les femmes sont plus douées que les hommes en matière de paix. » Adak

Extraits

« (…) La première chose dont je me suis préoccupé, à mon arrivée au Sud-Soudan, fut de m’allouer les services d’une interprète. Adak était la perle rare, l’une des très rares Sud-Soudanaises parmi celles restées au pays pendant la guerre, qui avaient fréquenté les bancs d’une école. Si gracile et si douce, on ne l’aurait pas imaginée mère de trois bambins scolarisés. Et déjà veuve. Sa fragilité apparente masquait en réalité une grande détermination et un grand courage. La première chose qu’elle voulut me montrer de sa vie était cet arbre : quelques années plus tôt, le jour de leur mariage, son mari y avait gravé leurs noms.

(…) Nous nous sommes mis en quête d’une femme soldat. L’état-major était alors en grande ébullition, car le retour de John Garang de Nairobi, où il venait de signer la paix, était annoncé d’un jour à l’autre. Le moment était mal choisi. Mais Adak se souvint avoir croisé dans les rues de Rumbek une guerrière dont elle avait remarqué la fière allure. Nous avons trouvé Jamis au marché et emboîté son pas nonchalant, treillis vaguement retroussé sur une paire de tongs, jusqu’à la caserne. Elle en ressortit avec une belle casquette, et sa Kalachnikov pour prendre la pose. »

Extrait de Zoé Zoé, Femmes du mondes, 2007, Éditions Gallimard