Japon

« Japaneese only. Tokyo. 04/04. J’ai éprouvé un sentiment diffus dès le franchissement de la douane à mon arrivée au Japon. Cette impression s’est faite peu à peu distincte. Je devine maintenant de plus en plus clairement que mes relations avec le peuple japonais seront essentiellement basées sur l’incompréhension.
Shinjuku by night n’est pas Pigalle. J’ai encore perdu en moins de deux ma mise au Patchinko.
Entre deux salles de jeux qui crépitent comme des mitraillettes, il y quelques restaurants, calmes à l’intérieur, mais surtout des Mac Do.

Au-dessus sont empilées des gargotes jusqu’au huitième étage. 2F (floor) : jeunes filles en fleur ; 3F : massages sexuels ; 4F : étudiantes en folie, etc. Les réclames sont suggestives autant que scintillantes mais s’égosillent en japonais et je ne comprends pas exactement de quoi il s’agit. Il faudra que je revienne accompagné. Quand un rabatteur Japonais me voit, il fait comme si je n’existait pas. On l’a dit que c’était à cause de la mauvaise réputation des GI’s américains, mais surtout aujourd’hui de celles des marins russes. On est bien mieux à s’amuser entre Japonais. »

Extrait de Carnets de voyage, 1998, Éditions Gallimard