Cuba

« De cette musique-là, les Cubains sont depuis longtemps passés les maîtres : Cuba-danse, Cubaila. (…) La grande île mystérieuse m’a donné des décors somptueux, des visages et des corps merveilleux et l’impression commune à chacun de nous lorsque nous y débarquons : cet incroyable mélange qui nous renvoie, comme dirait Camacho… à l’Histoire.

(…) L’un des protagonistes du roman de Camacho dit à un moment qui pourrait se conjuguer à tous les temps : "Certains oiseaux parfois préfèrent mourrir de faim que de manger dans une cage", mais aussi : "L’espoir est la dernière chose que l’on perd."

Cuba, pour ce que j’en ai vu, le conserve intact. Au moins, dis-je à Jorge, voici une chose que la Révolution aura su préserver tout au long de ces années. "Ne t’y trompes pas, rectifie-t-il, l’utopie humaniste n’est plus que rêve matérialiste… Ça ne marche plus !"

(…) C'est personnel et je ne partage pas le sort des Cubains, mais j’ai l’impression que si Cuba s’écroule définitivement, c’est une part de notre espoir en l’humanité qui va s’effondrer. J’exagère sans doute mais, on dirait que le monde entier est penché sur la destinée de cette petite île de rien du tout ! C’est à mourrir de rire. Même le Pape !… Culs perchés ! Chapeaux bas ! Viva Cuba ! »

Extrait de Carnets de voyage, 1998, Éditions Gallimard