Indonésie

« Une douce et intrigante errance musicale balinaise me conduisit aussi à l’égarement dans l’intense circulation de la région de Kuta, capitale estivale du sud de l’île. Les Hard Rock Café, Club Med, Bouddha Bar et autres Double Six battaient leur plein de mois d’août. (…) Parmi les surfeurs australiens, les défoncés brésiliens, les mondains parisiens et les putes javanaises, je rencontrai quelques jeunes danseurs classiques balinais s’initiant aux transes technos et se produisant avec grand enthousiasme dans les rave-parties pour public blanc extasié. (…) Je ne partageais pas leur engouement pour ces caricatures de décors psychédéliques, mauvaise techno bassinée sous la lune et bières chaudes servies dans des verres en plastique et probablement fort succulentes lorsqu’ingurgitées sous LSD.

Je débusquai aussi, et surtout, mon bon ami Pierre et son yacht, le bien baptisé Kriss (poignard en indonésien), mouillé dans la baie par le plus grand des hasards. Nous avions précédemment croisé nos sillages en d’autres endroits du monde marin. Nous avons décrété l’extrême urgence de mettre le bâtiment en fuite, cap à l’est, sur les îles de la Sonde, archipel répondant aujourd’hui au joli nom de Nusa Tenggara.

À l’occasion de cette merveilleuse croisière, j’ai découvert que, contrairement à la plupart des insulaires, les Indonésiens sont de sacrés marins et que ce beau pays aux 13 000 îles se dit en indonésien Tanah-Air ce qui signifie Terre-Eau. Mais ceci est une autre histoire. »

Extrait de Carnets de voyage 2, 2000, Éditions Gallimard