Mauritanie

« Mariam est réfugiée à Nouakchott. Elle admire Abraybone des Tinariwen et soutient la cause des "combattants de la liberté." Pour autant, elle reste étrangère à la défiance qui s’est immiscée entre les gens du sud du Mali et ceux de l’Azawad, au nord. Elle compte parmi ses meilleures amitiés réciproques bon nombre de Bambaras. Mariam a d’abord suivi l’enseignement d’une école coranique et celui d’une médersa de Tombouctou avant d’apprendre à lire et écrire l’arabe. Puis, de son propre chef, elle a souhaité intégrer le cursus public pour maîtriser aussi le français. Elle aurait poursuivi ses études supérieures de comptabilité à Ségou si elle ne s’était pas mariée.

"Bouna était un Touareg de Gao et n’avait pas encore gagné ses galons de colonel dans l’armée malienne, raconte Mariam, il était charismatique, aimé de tous et particulièrement par ses soldats."

Mariam se souvient des plus beaux jours de leur vie commune, son mari venait d’être affecté au commandement de la base militaire de Sikasso. Un bonheur éphémère : "J’ai su dès le début du conflit avec le Nord que les choses allaient mal tourner. Il allait rendre visite à des cousins de Gao revenus de Libye... Il m’a dit : "Non, je ne vais pas déserter l’armée et rejoindre le MNLA." Il a fait le contraire. Le 28 juin, mon mari a été tué à Gao. Par qui ? Le Mujao ? D’autres Touaregs ? Je m’en fous. Je ne vais pas aller le venger. L’essentiel pour moi aurait été qu’il soit toujours en vie. Il ne l’est plus. Il était tant aimé. Tout le monde était effondré autour de moi." »

Extrait de Retour à Tombouctou, 2015, Éditions Gallimard