Burkina Faso

« Les nouvelles du pays sont mauvaises. Il n’y a rien ici. On a tout perdu là-bas. Un père, un frère, un mari. Le hameau pillé. Le troupeau dispersé. Cette même calamité avait brisé l’existence des parents. Elle avait avant eux dévasté celle des grands-parents. La fatalité épuise. Le quotidien du camp se morfond dans un ennui morose. 

Parfois de nouvelles têtes débarquent. Une cousine venue de Niamey, de Bamako, ou, quasiment tous les jours, de nouvelles familles arrivées du nord. On se caresse, on s’embrasse. Il y a soudain des rires et des mots autour du thé. 

Aïcha est répertoriée au camp avec ses petits frères et sœurs, mais elle est plus chanceuse ou plus aisée : elle a trouvé à loger en ville.

Le gouvernement en exil du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) est aussi hébergé à Ouaga en ce moment. À défaut d’action, il y a la palabre et l’impression de cheminer avec le destin. »

Extrait de Retour à Tombouctou, 2015, Éditions Gallimard