Région des Grands Lacs

« Depuis décembre la terreur s’est emparée de ce beau pays des Uélé jusque là épargné par les guerres du Congo. Les FARDC (l’armée congolaise) et les UPDF (de l’armée Ougandaise) sont souvent plus craints que les rebelles LRA de la brousse. Une crainte différente, quotidienne, à laquelle on ne peut pas se soustraire, en se réfugiant ailleurs dans une autre ville, car ce genre d’ailleurs n’existe pas. Lors de mon séjour à Niagara, la population a incendié le poste des militaires supposés sécuriser l’accès à la ville, n’en pouvant plus d’un énième racket particulièrement violent perpétré par les soldats à l’entrée du pont.

Le nouveau théâtre d’exactions de la LRA dans la Province Orientale a provoqué des exodes massifs de population. Les 30 000 habitants de Niagara ont vu déferler 17 000 déplacés. 

Ils se sont répartis dans des camps autogérés plus ou moins durables comme celui de Gada, ou dans des familles d’accueil.

(…) Marie et Sindra sont sans nouvelles de leurs familles depuis qu’elles ont échappé à la LRA. Elles aident leurs familles d’accueil à défricher les parcelles proches de la ville. Les campagnes fertiles sont désertées et même lorsque aucun signalement de mouvement rebelle n’est signalé aux alentours, les femmes redoutent tout autant le viol et le pillage des militaires. »

Extrait de Ténèbres au Paradis, 2011, Éditions Gallimard