AFGHANISTAN

« Hadji Daoud, éminence de la région rencontré à Kaboul, me proposa de le guider dans son fief. Il retournait sur ses terres rendre compte des nouvelles de la capitale aux chefs coutumiers qui l’avaient choisi pour les représenter à la Loya Jirga, l’assemblée qui venait de voter la nouvelle constitution du pays. (…) Je ne sais pas si le hadj mentionna l’événement qui marqua le déroulement de cette Loya Jirga.

Malalaï Joya, déléguée d’une région proche d’Hérat, avait fait grand bruit à la tribune. Avant qu’on ne lui coupe le micro, elle avait ainsi interpellé l’assemblée : "Pourquoi donner la parole à ceux qui ont ruiné notre pays et l’ont conduit à la guerre civile ?" Les vieux moudjahid s’étaient insurgés et Malalaï vit aujourd’hui sous menace de mort, protégée par les forces de sécurité internationales. 

(…) Ce jour-là, alors que Hadji Daoud se réunissait avec pairs et vassaux, je n’ai pas vu une femme. Mon protecteur avait oublié la raison de ma présence. Ou bien ses hommes n’étaient-ils pas préparés à ce que je vienne croquer leurs compagnes ? Le lendemain je parvins néanmoins à réaliser le portrait d’une Pachtoune des environs. Khaperey accepta de poser pour une photo mais uniquement en tchadri, et de dos. »

Extrait de Zoé Zoé, Femmes du mondes, 2007, Éditions Gallimard