Patagonie

« L’extermination des indiens se déroula sans "originalité" : 1. élimination sauvage pratiquée par des colons éleveurs ou orpailleurs ; 2. systématisation du génocide administrée par l’autorité légitime instaurée ; 3. évangélisation associée à ses deux partenaires indissociables l’alcool et les maladies vénériennes. 

(…) La nature a aujourd’hui repris pleinement ses droits. Les colons ont déserté les terres du Sud. Les Indiens ont totalement disparu. On rencontre de-ci de -là un gaucho isolé, un chercheur d’or-ermite, une poignée de pêcheurs saisonniers et des bases militaires dont la présence absurde évoque parfois Le désert des Tartares de Buzzati. 

Les visiteurs le plus nombreux sont peut-être, de nos jours, ces adeptes estivaux de tourisme nature auxquels nous appartenions en quelque sorte, l’équipage d’Yvon Fauconnier et moi-même, pour notre grand bonheur. La température avoisinait zéro degré, ravivée fréquemment par des rafales à 40 nœuds et agrémentée de grésil à l’horizontale. Un fort bel été en vérité !… qui a fait éclore à Ushuaïa de nombreuses et fort belles filles en mini-tee-shirt et le nombril à l’air. L’équipage a eu tout le loisir de les observer, emmitouflé sous trois couches de parka superposées… Si cela peut nous rassurer, du sang indien coule encore dans les veines métisses. »

Extrait de l'article "Cap Horn, Au bout du monde", L'Équipe Magazine, 13 janvier 2001